Lorsqu’ils s’intéressent aux œuvres mixtes, les analystes tentent d’expliquer les rapports qu’entretiennent d’une part les parties écrites pour les instruments acoustiques et la voix, et d’autre part le dispositif électronique.
Une source, pourtant très précieuse pour l’analyse, est parfois négligée et n’a jamais été étudiée systématiquement : les éléments de notation de l’électronique sur la partition. Ces indices révèlent de très nombreuses pistes pour l’analyse. Ils sont extrêmement variés. Les fameuses lettres « O.S. » constituent la seule trace de la bande sur la partition de Déserts de Varèse. Dans d’autres pièces, la notation décrit les timbres (Une Saison en enfer d’Amy), détaille les paramètres techniques (Kontakte de Stockhausen), repère la spatialisation avec des diagrammes (Richiamo de Fedele), comporte les marqueurs temporels des déclenchements et schématise des processus (interpolations dans Jupiter de Manoury), désigne les traitements par leurs noms (Wagner Dream de Harvey), symbolise par des notes et des courbes le son entendu (Aulodie de Mâche)… La multiplicité des méthodes de notation incite à définir un classement rigoureux qui sera proposé et discuté. Au delà de cette typologie, une méthode d’analyse relationnelle sera explorée.
Traditionnellement, le musicologue s’appuie sur deux éléments : la partition de notes et l’électronique. Différents modèles en montrent les paradigmes transversaux ou contrastants. L’étude et la prise en compte systématique des traces de l’électronique sur la partition aboutissent à une analyse relationnelle qui passe ainsi par un regard approfondi sur le fonctionnement dynamique des relations entre textures acoustiques et électroacoustiques.
Bruno Bossis
Après avoir enseigné les transmissions numériques dans les télécommunications, Bruno Bossis, agrégé et docteur en musique, est actuellement Maître de conférences en analyse, nouvelles technologies et musicologie à l’Université Rennes 2, directeur adjoint du département Musique, co-responsable du master Arts et Technologies Numériques et chercheur associé au MIAC. Bruno Bossis est chercheur permanent et chargé de cours à l’Université Paris Sorbonnelaboratoire OMF/MINT. Il mène des activités d’expertise et de consultant auprès d’organismes sous tutelles ministérielles en France et à l’étranger. Partenaire ORCHID et ANR pour des projets de recherche subventionnés, il participe à des échanges internationaux. Bruno Bossis a collaboré ou collabore avec des institutions comme l’INRIA, l’UNESCO, le CCMIX, le GRM et l’Ircam. Membre du bureau et trésorier de la Société Française d’Analyse Musicale (SFAM), il est l’un des fondateurs et des membres du comité de rédaction de la revue d’analyse en ligne Musimédiane. Il a dirigé plusieurs ouvrages collectifs, est l’auteur de nombreux articles sur la musique électroacoustique et du livre La voix et la machine, la vocalité artificielle dans la musique contemporaine.