Dans les musiques mixtes en temps réel, l’interprète est confronté à un autre – plus ou moins inconnu – émanent d’un dispositif technologique. Le travail mené par le musicien, tant pour l’apprentissage de l’œuvre que pour sa performance en concert, est naturellement altéré par ce dispositif. Mais que sait-on de cette nouvelle attitude interprétative ? De quelle manière les musiciens abordent-ils les œuvres mixtes et comment l’électronique modifie-t-elle leur façon de jouer ? Pour répondre à ces interrogations et engager une recherche plus générale sur la manière de documenter/analyser les œuvres mixtes en temps réel afin d’en faciliter l’interprétation, nous avons analysé le point de vue d’interprètes professionnels habitués à aborder ce type de répertoire. Nous avons conduit en France et au Canada une dizaine d’entretiens semi dirigés visant à comprendre comment ils travaillent les œuvres mixtes, comment ils se familiarisent avec le dispositif technologique et quelle importance ils accordent à la partie électronique. Nous présenterons dans un premier temps notre dispositif de recherche (de la réalisation du questionnaire semi directif à l’analyse des données) et exposerons, dans un deuxième temps, les principaux résultats préliminaires que cette étude a permis de dégager.
François-Xavier Féron
François-Xavier Féron est titulaire d’un master en acoustique musicale (université Paris VI-IRCAM) et d’un doctorat en musicologie (université Paris IV). Ses recherches se concentrent principalement autour de la dialectique Musique/Acoustique. Sa thèse consacrée à l’impact des illusions auditives sur la création musicale a été soutenue en 2006. Après avoir été enseignant à l’université de Nantes (2006-2008), il a effectué des recherches en psychoacoustique au CIRMMT (Université McGill, Montréal) portant sur la perception des trajectoires sonores circulaires (2008-2009). Il a ensuite rejoint l’équipe Analyse des Pratiques Musicales au sein de l’IRCAM dans le cadre du projet ANR MuTeC (2009-2011) : il s’est intéressé d’une part à la genèse du cycle Les espaces acoustiques (1974-1985) de Gérard Grisey et d’autre part – en collaboration avec Nicolas Donin – au processus de création de Gramigna (2009-…) de Stefano Gervasoni. François-Xavier a été boursier de la fondation Paul Sacher à Bâle en 2010 et a reçu, en 2011, une bourse du Centre National du Livre pour l’édition d’un ouvrage consacré aux illusions auditives.
Guillaume Boutard
Après un Master de Géophysique en 1995 et un Master d’Informatique en 1999, Guillaume Boutard a travaillé en tant qu’ingénieur à l’IRCAM (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique) de 2001 à 2009 sur plusieurs projets comme CASPAR (Cultural, Artistic and Scientific knowledge for Preservation, Access and Retrieval) and CUIDADO (Content-based Unified Interfaces and Descriptors for Audio/music Databases available Online). Depuis 2009, il est doctorant au sein de la School of Information Studies (McGill University) et membre du CIRMMT (Center for Interdisciplinary Research in Music Media and Technology). Ses recherches, financées par le FQRSC (Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture) et une bourse d’excellence de la School of Information Studies, sont dirigées vers la préservation des œuvres de musiques électroacoustiques et mixtes : elles s’articulent principalement autour de la rencontre entre archivistique et gestion des connaissances d’une part, et sociologie des sciences et sociologie de la musique d’autre part.